RAPIDE HISTORIQUE
SUR L'HYPNOSE !
REMARQUE
IMPORTANTE : L'historique qui suit est un document d'information sur l'hypnose.
La compréhension du spectacle n'est pas liée à sa lecture. Le
rôle de ce document, est simplement d'informer ceux qui souhaitent en savoir plus.
Il devient ainsi inutile d'imposer, au cours du spectacle, un exposé fastidieux
à ceux qui ne souhaitent que "voir un phénomène hors du commun".
Depuis la nuit des temps, les hommes se sont penchés sur
les méandres de leur esprit. Et quelque soit leur motivation (religion,
angoisse de la mort ou peur de l'inconnu) ils ont cherché
au plus profond d'eux-mêmes des ressources pour dominer, rassurer
ou pour guérir. On en trouve des traces
dans toutes les civilisations, que ce soit dans des peuplades primitives, ou dans des
civilisations dites plus évoluées comme celles des Chaldéens, des Egyptiens, des Grecs
et des Romains. Géographiquement le phénomène touche tous les continents, en Asie
comme en Amazonie, en Afrique comme en Australie et même dans des
endroits plus isolés comme l'île de Pâques, à Sumatra, etc. Ces
techniques empiriques naissaient essentiellement du hasard, de la prière, et de l'observation.
Les procédés utilisés pour guérir mariaient le corps et l'esprit, et l'utilisation des plantes
curatives ou de psychotropes sous forme de potions, de filtres,
de vapeurs inhalées, de feuilles à mâcher, ou à fumer se conjuguaient avec
les incantations et les invocations mystiques. Cette variété des
moyens utilisés nous montre que beaucoup de voies ont été explorées
dans le domaine qui nous occupe : la recherche de la modification des états de pensée
et du comportement. Comme on le voit également, les buts étaient variés (religion, santé, pouvoir)
mais parfois aussi, complémentaires. "L'histoire de l'hypnose" est l'histoire d'une de ces rencontres.
Elle commence avec l'incontournable MESMER et son "Magnétisme
animal"...
Franz Friedrich Anton MESMER (1734-1815) est né en
Allemagne, (à Mersbourg en Souabe) il étudie à Vienne. la philosophie, la
théologie et le droit, avant de se tourner vers la Médecine. En 1766 il présente une
thèse sur l'influence des planètes sur le corps humain. Il appelle la
force qu'il met ainsi en évidence le "Magnétisme animal". Vers 1774 il
s'associe à un jésuite, le père Hell, et apprend de ce dernier à guérir
des mlades par l'utilisation d'aimants. Mais rapidement il se brouille
avec lui et utilise alors l'imposition des mains. Ses premières guérisons
lui apportent la célébrité et une clientèle fortunée. Mais ses
fréquentations jugées douteuses comme, par exemple, celle d'un exorciste: le curé
Gassner, lui apportent aussi beaucoup d'ennemis dans le corps médical, et
il est expulsé de la faculté de médecine pour pratiques charlatanesques.
De plus à la suite d'un scandale il est obligé de quitter Vienne. Après avoir guéri
Mlle Paradies (pianiste de l'impératrice Marie-Thérèse) de cécité en utilisant
le magnétisme, il en était devenu l'amant. A la suite d'un choc nerveux,
la jeune femme redevint aveugle et le scandale éclata.
Obligé de s'enfuir, Mesmer s'est alors exilé à Munich,
puis il s'installe à Paris (1778). Très vite, ses séances de baquet sont
très courues par le tout Paris; Marie-Antoinette elle-même se rendit dans
son cabinet de la place Vendôme. Les patients adorent ces séances; mais,
encore une fois, les théories développées par le Anton MESMER lui procurent beaucoup
d'inimitiés dans les cercles scientifiques de l'époque.
Mesmer avait
constaté que l'imagination des sujets aidait ses guérisons par magnétisme.
Il avait donc inclus dans ses séances une certaine mise en scène qui
allait jusqu'à une animation musicale à "l'orgue à bouche" venu de Chine
et ancêtre de l'harmonica. La sonorité étrange et nouvelle de cet
instrument frappait avantageusement les esprits lors des séances de
magnétisme.
On le voit, Mesmer tenait compte de la mise en condition
de ses patients. En 1780, DESLON qui était le médecin du comte d'Artois
déclara "Si la médecine d'imagination est la meilleure, pourquoi ne
ferions-nous pas de la médecine d'imagination?" C'était là un appui
important pour Mesmer mais cette notion de guérison par l'esprit, provoqua
le début d'une polémique avec d'un coté les "fluidistes", pour lesquels
seul l'état psychologique dans lequel on plonge le patient joue un rôle
et, de l'autre coté, les "animistes" pour lesquels seule l'action physique
du magnétisme provoque l'état somnambulique. Il s'agit d'une querelle
entre les partisans du tout psychologique et ceux du tout mécanique,
l'idée n'est malheureusement venue à personne qu'il puisse y avoir
plusieurs composantes dans la mise en état de sommeil magnétique.
Malgré cet ami influent et la protection de Marie-Antoinette, ces
appuis ne suffisent pas pour le mettre à l'abri des enquêtes qui sont
diligentées, contre les séances qu'il préside. On accuse sa technique
d'être une menace pour les bonnes moeurs car on craint des dérapages. (on
imagine déjà des transferts mal gérés). Comme en Autriche, quelques années
plus tôt, il finit par se heurter à l'hostilité de la faculté de Médecine
qui le considérait comme un charlatan et qui refusait en bloc de
reconnaître l'existence du moindre phénomène. Or entre temps grâce à
l'appui financier du baron de Breteuil, Mesmer avait monté une école : la
"société de l'Harmonie". De peur de devoir rembourser les sommes qui lui
avaient été confiées Mesmer préféra aller à Spa puis il retourna à
Mersbourg, dans sa ville natale où il mourut le 5 mars 1815.
Les disciples de l'école de MESMER tels le Marquis DE PUYSEGUR, Monsieur
DELEUZE ou le Baron DU POTET ont continué à utiliser et à préconiser les
méthodes de leur maître bien qu'ayant, chacun d'eux, une approche
différente de cette même technique.
L'ABBE FARIA (1755-1819) était
un prêtre portuguais qui se disait brahmane. Il ne se manifesta qu'en 1813
et créa un cours public de Magnétisme à Paris. Il a été le premier à
parler vaguement de suggestion et à nier l'existence du magnétisme (ou
d'un fluide). Malheureusement, au cours d'une séance publique, un comédien
fit semblant d'être endormi et, en pleine séance, il le discrédita aux yeux des spectateurs,
en se levant et en se moquant de ses capacités. Cette mésaventure détruisit vite
la confiance du public. Il faut savoir qu'en hypnose seules les personnes
consentantes peuvent s'endormir. Il n'est resté de lui (pour le public) que le très célèbre : DORMEZ !!!
LA FONTAINE (1802-1892) présenta essentiellement des spectacles
sur le Magnétisme. En 1841, l'Eglise italienne l'accusa d'imiter
les miracles du Christ. Il lui fallut obtenir une audience du pape, et
après une très longue discussion, PIE IX leva cette accusation et
l'encouragea avec ces mots : "Monsieur La Fontaine, nous espérons vivement
que, pour le bien-être de l'humanité, le magnétisme sera diffusé partout."
La même année, le Docteur James BRAID (1795-1860), un chirurgien Anglais s'est
intéressé au "Magnétisme", à la suite d'une représentation de Music Hall
donnée par La Fontaine, à Manchester. Il développa une technique
différente de celle utilisée par La Fontaine, et parvint à provoquer un
état proche du "somnambulisme" par l'action mécanique de fixation d'un
objet brillant. Pour marquer son rejet des théories fluidiques de Mesmer,
Braid inventa le mot "Hypnotism" en 1843, à partir de la racine grecque
"hupnos" qui veut dire sommeil. Beaucoup plus qu'un mot il s'agit d'une
fission qui augmenta le fossé qui séparait les "animistes"
et les "fluidistes".
Le Professeur Ambroise LIEBAULT (1823-1904) fondera
vers 1875 l'école de Nancy. En 1882, le Professeur Hippolyte BERNHEIM
(1840-1919) le rejoint. A eux deux ils mirent en évidence les effets, des
gestes, des paroles, et du comportement de l'opérateur, sur l'imagination
du sujet. Ils jetèrent les fondements des techniques hypnotiques modernes.
L'école de Nancy, bien que peu connue en France, eut un retentissement
mondial très supérieur à celui de école de la Salpêtrière. L'énorme apport
de cette école aux techniques hypnotiques fut la découverte et la
recherche des techniques de suggestions verbales.
Jean-Martin
CHARCOT (1825-1893), grâce à sa notoriété, permetra à la même époque, la
naissance de l'école de la Salpêtrière. Neurologue de renommée
internationale il avait installé son école des phénomènes hypnotiques à la
Salpêtrière (de 1878 à 1884). Charcot assurait personnellement les cours
d'hypnose devant une assemblée aussi mondaine que variée : hommes
politiques, journalistes, acteurs, et quelques médecins. Mais, chose
incroyable, Charcot n'a jamais endormi aucun patient ! Les recherches sur
l'hypnose étaient menées sous le nom de Charcot mais elles étaient assurées
exclusivement par ses assistants. Et ce qui était à craindre arriva :
des erreurs de transmission et de jugement sont venus entâcher certains
comptes-rendus d'expériences. Comme "Charcot a eu le tord de ne pas
surveiller ses expériences" (Guillain). L'image du grand savant et celle
de l'hypnose ont été considérablement ternies.
Hector DURVILLE
(1849-1923) continue à dispenser une instruction sur les phénomènes
hypnotiques grâce à son école créée en 1882.
Sigmund FREUD
(1856-1939) s'intéresse à l'hypnose et passe 6 mois à Paris à l'école de
la Salpêtrière dans le service de Charcot. Il y constate "la réalité et la
légalité des phénomènes hystériques". Durant l'été 1889 Freud vient à
l'école de Nancy pour parfaire sa technique hypnotique, où il est très
impressionné par BERNHEIM. Freud se détournera de l'hypnose parce qu'il
redoutait les phénomènes transférentiels. Il reprochait à cette technique
certains échecs. Il refusait l'aspect directif de l'hypnose en opposition
avec ses méthodes d'analyse.
Pierre JANET (1859-1947) excepté,
après la mort de Charcot, le milieu médical s'écarte de l'hypnose. JANET
travaille notamment sur le dédoublement de la personnalité sous hypnose.
En 1904 : Ivan PAVLOV (1849-1936) et Vladimir Mikhailovich BEKHTEREV (1857-1927) en Russie,
réhabilitent l'hypnose en démontrant, par l'expérience de laboratoire son
aspect physiologique. Leurs expériences bien que portant uniquement sur
l'animal permettent à Pavlov et à Betcherev de discerner trois phases dans le processus
hypnotique (l'égalisation, la phase paradoxale et la phase
ultra-paradoxale).
Le Professeur Allemand, Johannes Henrich
SCHULTZ (1884-1970) révolutionne l'univers de l'hypnose en 1932 par la
mise au point d'une technique de relaxation faisant appel à des techniques
auto-hypnotiques : Le TRAINING AUTOGENE ! C'est le fruit d'une longue
étude clinique et expérimentale. Les applications de sa technique sont
très étendues et intéressent à juste titre des secteurs médicaux très
vastes. Sa technique assez complexe est une technique volontaire qui
supprime le lien de dépendance entre l'hypnotisé et son thérapeute.
Le Professeur Alfonso CAYCEDO de Barcelone, neuropsychiatre
mondialement connu, fait état de ses recherches et crée la sophrologie en
1960. Il s'agit d'une technique qui s'inspire de l'hypnose, et qui permet,
notamment, de pratiquer des interventions chirurgicales délicates sans
anesthésie chimique. Pour concevoir sa technique de sophrologie, le Professeur CAYCEDO a utilisé les techniques de relaxation issues des philosophies orientales du
Bouddhisme Zen et du Yoga qu'il a étudié sur place pendant plusieurs
années. Il y a également introduit des techniques empruntées au training autogène.
On parle désormais d'états modifiés de conscience (EMC).
L'aventure continue... A suivre donc...
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